Automne

Lost in anywhere / 10-09-1974
 lundi 20 octobre 2003
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Fraîcheur au jardin

Convaincu qu'il valait mieux se retrouver dehors, histoire de respirer un peu, dans la fraîcheur d'une journée d'automne, les naseaux ouverts, je me suis couvert pour respirer l'odeur de la terre, des feuilles mortes et des branches nouvellement coupées. J'ai fait une belle taille d'hiver à l'églantier.

Il y a comme un air de fête, un air de préparatifs, où il fait tellement froid dehors que la chaleur nous remue l'intérieur lorsqu'on franchit le seuil. A midi, tartiflette et jambon purée le soir, comme quand j'étais petit.

Cliniquement vôtre

J'adore aller à la clinique Claude Bernard d'Ermont. Jamais je n'ai ressenti le fait d'y aller comme une contrainte, bien au contraire, mais comme un générateur d'ambiances. Les visites chez le gynécologue, les échographies, les cours d'accouchement et la soirée d'accueil, les radios du bassin de mon zouzou et les visites chez le pédiatre. Mais avant tout c'est l'accouchement que j'ai adoré. Le fait de se trouver seul face à la machine à café du rez-de chaussée, dans les lumières tamisées d'une clinique qui dort. Un point culminant: le 17 janvier dernier, lorsque je me suis retrouvé seul dans la chambre avec mon bébé qui dormait dans mes bras, contre moi, et moi, je me suis endormi, serein avec lui contre moi. On a attendu longtemps chez le pédiatre;, il faisait chaud, mais qu'est ce que je me sentais bien !!
Première clémentine de la saison.
Un mal de ventre terrible m'assaille après manger.
Le zouzou a passé sa soirée à pleurer....

Histoire d'Abdal Motallab le sage - Comte de Caylus

Convaincu de tout ce que la belle Zesbet m' avoit dit, et persuadé que l' homme sage doit être absolument soumis à la providence, je partis. Celui qui croit en dieu, ne doit point regarder derrière lui... cependant je n' avois aucun pays déterminé pour le voyage que j' entreprenois. Mais dieu étant par-tout, et Mahomet, qui vive à jamais, reposant dans le sein de sa gloire, tous les chemins me parurent égaux. Je pensai seulement que dieu se manifestoit plus difficilement dans les villes, et qu' ainsi je devois les éviter et chercher les déserts. Je les parcourus long-tems avec des peines infinies, sans être rebuté par les fatigues, les ennuis et la mauvaise nourriture. Enfin, au bout d' un certain tems, je rencontrai un ange, je le saluai profondément ; je lui demandai des nouvelles de Mahomet. Il me répondit : il n' est pas tems encore d' en instruire les hommes ; qu' il te suffise seulement d' avoir trouvé grace devant dieu qui t' a permis d' arriver jusqu' ici, et prépare-toi à voir de grandes merveilles ; continue ton chemin. Avant de suivre ses conseils, je fus frappé de son attitude. Il avoit un bras étendu du côté de l' orient, et l' autre du côté de l' occident. Je le priai de m' apprendre qui il étoit ; voici ce qu' il me répondit : je m' appelle Nourkhail ; le jour et la nuit me sont confiés. Je tiens le jour, continua-t-il, dans la main droite, et la nuit dans la gauche ; je maintiens l' équilibre entr' eux, et je suis obligé de me servir de toute mon autorité pour le conserver : car si l' un ou l' autre l' emportoit, l' univers seroit ou consumé par les feux du soleil, ou périroit par le froid dans l' horreur des ténebres. Je remarquai, pendant qu' il me faisoit ce récit, une table que cet ange avoit devant les yeux, sur laquelle étoient gravées deux lignes, l' une blanche et l' autre noire. Je lui demandai de quelle utilité elle lui pouvoit être, et il eut encore la bonté de me répondre : je regarde continuellement cette table, et ces deux lignes m' apprennent quand je dois augmenter ou diminuer le jour ou la nuit ; elles m' instruisent encore des différentes variations que je dois donner à l' un et à l' autre. Je le remerciai de ce qu' il m' avoit appris, et je le quittai. Je l' avois à-peine perdu de vue, que je rencontrai un autre ange qui étoit debout, ayant une main levée vers le ciel, et l' autre penchée sur l' eau. Il m' apprit qu' il se nommoit Semkail. Mais pourquoi, lui dis-je, êtes-vous dans cette attitude ? Je tiens, me répondit-il, les vents en respect, avec la main que vous voyez en l' air, et j' empêche sur-tout le vent Haidgé de sortir du ciel ; si je lui en laissois la liberté, il réduiroit tout l' univers en poudre ; avec la main que je tiens sur l' eau, j' empêche la mer de se déborder ; sans cette précaution, elle couvriroit toute la surface de la terre. En achevant ces mots, il me fit signe de continuer mon chemin. à force de marcher, j' arrivai à la montagne de Kaf, qui entoure le monde, et qui n' est composée que d' un seul morceau de saphir vert. J' y fis la rencontre d' un ange, qui me demanda ce que je voulois. Je lui répondis : je cherche le prophete Mahomet, j' ai quitté mon pays, j' ai parcouru la terre et les mers, sans pouvoir le trouver ; je ne sais plus où le chercher, et le souvenir de Zesbet rend ma recherche importune. L' ange me répondit : espère, et continue d' avoir la foi. Daignez m' apprendre au-moins qui vous êtes, repris-je avec douceur. Il me répondit avec autant de bonté que ceux que j' avois rencontrés jusqu' alors : le grand dieu m' a donné le commandement de cette importante montagne. à quoi peut vous servir, lui dis-je, cette épée flamboyante dont votre main est armée ? Lorsque dieu, dit-il, est irrité contre un peuple et qu' il veut lui faire sentir le poids de ses vengeances, je secoue les flammes de cette épée ; aussi-tôt la famine ou la peste ravagent ses contrées ; souvent même je cause les tremblemens de terre, dont tu as toujours ignoré la cause. Mais quand dieu veut récompenser les hommes, c' est alors que je quitte cette épée redoutable, et que l' on voit régner la paix et naître l' abondance ; la terre devient féconde et prévient les desirs de l' homme. Charmé d' entendre ces merveilles, j' eus la curiosité de lui demander ce qu' il y avoit derrière la montagne de Kaf. On y trouve, me dit-il, quarante autres mondes, tous différens de celui-ci ; chacun d' eux a quatre cens mille villes, et chaque ville quatre cens mille portes ; les habitans y sont exempts de tout ce que les hommes souffrent, le jour y regne continuellement, ta terre est toute d' or, et les extrémités de tous ces mondes sont fermées par de grands rideaux ; les villes ne sont habitées que par des anges qui chantent continuellement les louanges de Dieu et celles de son prophete Mahomet. Les bontés de l' ange me rendant plus hardi à lui faire des questions, je voulus savoir ce qu' il y avoit derrière les rideaux dont il m' avoit parlé ; et il me répondit : tu me demandes ce que nous ne pouvons comprendre, et nous gardons un respectueux silence sur ce que nous en pouvons savoir. Tout ce que je puis en révéler, c' est que le peuple de dieu est rassemblé en cet endroit, et que la puissance divine s' y manifeste plus qu' ailleurs. J' admirai dieu avec lui ; mais avant de le quitter, je le priai encore de me dire sur quoi la montagne de Kaf étoit appuyée. Elle est placée, me répliqua-t-il, entre les cornes d' un boeuf blanc nommé Kirnit ; sa tête touche à l' orient, et sa queue à l' occident ; la distance qui se trouve entre ses deux cornes peut être comparée au chemin que l' on pourroit faire dans le cours de cent mille ans. Mais curieux de m' instruire, je lui demandai pour dernière question, combien il y avoit de terres et de mers, et dans quel lieu étoit l' enfer. Il y a sept terres, me dit-il, et autant de mers ; l' enfer est également sous les unes et sur les autres. Je le quittai après cette réponse, et j' arrivai jusqu' au voile qui termine le monde. Je vis le ciel au-dessus de ce voile, et l' eau au-dessous. Je remarquai qu' il y avoit une porte fermée au milieu de ce même voile, et que la serrure étoit scellée d' un cachet. Les deux anges qui la gardoient consentirent à me laisser passer ; et marchant toujours sur la mer, j' arrivai dans un lieu tel que je n' en avois trouvé aucun dans le cours de mes voyages. Le premier habitant que j' y rencontrai, fut un jeune-homme beau comme la lune lorsqu' elle est dans son plein ; je lui demandai qui il étoit. Il me répondit sans s' arrêter : celui qui vient après moi te le dira. Après avoir marché un jour et une nuit, je trouvai celui dont le premier m' avoit parlé ; il étoit beau comme la lune demi-pleine. Je lui fis la même question, et toujours en marchant il me répondit la même chose que le premier. Enfin, je rencontrai le troisième qui ressembloit à la lune dans son premier quartier. Je le conjurai de s' arrêter, il le fit, et me demanda ce que je desirois de lui. Je répondis que les deux qui le précédoient m' avoient renvoyé à lui pour savoir qui ils étoient ; et voici ce qu' il me dit : le premier se nomme Israphil, et commande aux hommes ; le second s' appelle Mikiail, et dispose des biens et des saisons ; je m' appelle Gabriël, et je suis serviteur du Dieu tout-puissant ; crois-moi, continua-t-il, retourne sur tes pas, tu ne peux aller plus avant. Je ne verrai donc point Mahomet, répondis-je avec douleur, et je suis pour jamais séparé de Zesbet ? Tu ignores ce que tu as vu ? Me répondit-il, les desseins de Dieu sont incompréhensibles ; tu trouveras, ajouta-t-il, des consolations sur la terre. Je le priai de m' indiquer le chemin que je devois prendre pour m' abandonner encore à ma recherche ; il me le montra en s' éloignant de moi. Après avoir marché prodigieusement long-tems, je me trouvai dans une prairie d' une étendue immense ; elle étoit non-seulement remplie de safran et d' anémones, mais elle étoit encore arrosée de ruisseaux bordés d' une infinité de lions qui les défendoient. Mes yeux s' attachèrent sur un vieillard assis sur un trône placé au milieu de cette prairie ; il me fit signe d' approcher, les lions auxquels je me présentai s' humilièrent devant moi et me laissèrent passer. Je me présentai devant le trône ; ce vieillard me reçut avec bonté ; il voulut savoir mes aventures, je les lui contai ; et il me dit : tu vois la gloire dont je jouis par la bonté du grand Dieu ; je suis le prince Daniel. Tu as été comblé des graces du très-haut, continue de les mériter ; tu n' es pas loin du terme, ne te décourage point. Mais, prince, lui dis-je, qui daignez prendre autant d' intérêt à moi, combien y a-t-il que je suis en chemin ? Les tems se sont évanouis dans les pays célestes que j' ai parcourus, et je crains bien que Zesbet ne soit plus engagée à moi. Il y a quatre ans moins quelques jours que tu es absent de La Mecque, me répondit le vieillard. Quatre ans ! M' écriai-je avec douleur. La mesure des tems, reprit-il avec douceur, n' est pas facile à conserver, quand on est occupé des choses mystiques, et les sages qui doivent en faire un bon usage sont tranquilles quand ils sont employés pour acquérir des connoissances. Adieu, continua-t-il, espère, prends ce chemin, et console-toi par les grandes choses qui te sont réservées. Ces paroles étoient nécessaires à mon coeur pour m' aider à soutenir la crainte de trouver Zesbet infidelle ; Zesbet pour qui j' avois toujours conservé l' amour le plus tendre et le plus pur, et qui ne méritoit pas le sort cruel qu' il éprouve. Plein de ces idées, je marchai encore quelques jours, et j' apperçus un très-gros oiseau perché sur un arbre ; sa tête étoit d' or, ses yeux étoient de saphir, son bec de perles, son corps de rubis, et ses pieds de topaze ; il y avoit, sur le haut de cet arbre, une table bien servie, et sur-tout en poisson. Je m' en approchai, je montai sur l' arbre avec beaucoup de facilité, je saluai l' oiseau, et je lui dis : vous êtes le plus bel oiseau que j' aie jamais vu. Ensuite je lui demandai qui il étoit, il me répondit qu' il étoit un des oiseaux du paradis, que dieu l' avoit envoyé sur la terre avec cette table, pour tenir compagnie et manger avec Adam, lorsqu' il avoit été chassé du paradis : depuis qu' il est mort, continua-t-il, je suis demeuré ici par l' ordre de dieu, pour soulager les saints voyageurs et les prédestinés, je ferai mon séjour ici jusqu' au jour du jugement. Mais, lui dis-je, les mets qui sont sur cette table, ne se corrompent-ils point ? Comment les remplacez-vous quand ils sont gâtés ou qu' on les a mangés ? Ce qui sort du paradis peut-il être altéré, me répondit-il ? Je lui demandai la permission de me mettre à table, et l' ayant obtenue, je mangeai des mets qui me parurent délicieux. Ensuite je voulus savoir s' il étoit toujours seul. Il me répondit qu' Abouxlabas, un des plus grands prophetes de dieu, venoit quelquefois lui rendre visite. à-peine avoit-il cessé de parler, que je vis en effet paroître ce saint prophete ; il étoit vêtu de blanc, sa barbe étoit d' une grande longueur et d' une grande beauté, le plus beau gazon naissoit sous ses pas. Il s' approcha de nous, et voulut savoir de moi comment j' étois arrivé dans cet endroit ; il comprit par mon récit combien l' envie que j' avois de me retrouver à La Mecque, auprès de ma chère Zesbet, étoit balancée dans mon coeur par le desir de voir le saint prophete. Je fus au désespoir quand il m' apprit qu' il falloit marcher pendant cent cinquante ans pour me retrouver ici ; cependant il m' offrit de me conduire. Je ne puis y retourner, lui dis-je, sans avoir vu le prophete. Eh bien ! Continua-t-il, je vais examiner ce que je puis faire pour te rendre service ? En effet, après avoir lu quelque tems dans un petit livre qu' il tira de son sein, il me dit : ô homme prédestiné, c' est à La Mecque que tu dois retourner, je puis t' y conduire en cent cinquante mois ; et moi, reprit l' oiseau, je te ferai faire le voyage en cent cinquante jours. Le prophete répliqua : et moi je m' engage à t' y faire arriver en moins de six jours. L' oiseau qui ne vouloit pas lui céder, dit qu' il m' y rendroit dans une heure. J' acceptai sa proposition ; il chargea le prophete Abouxlabas de faire en son absence les honneurs de la table, et me fit couvrir les yeux. Mais à-peine étois-je monté sur son dos, qu' il me dit d' ôter le bandeau qu' il m' avoit ordonné de prendre ; et c' est avec une extrême surprise que je me suis trouvé dans ma cour. Cette joie n' a pas été de longue durée, continua-t-il, en appercevant des hommes qui prétendent avoir autant de droit sur Zesbet que le ciel m' en avoit accordé. Faites-nous part de vos aventures, reprit Zesbet, en se tournant du côté d' Yarab, et il commença en ces termes.