(12h52) La hanche est niée. La mode est au pantalon taille basse pour les
femmes - parce qu'il faut voir le string - et du coup, c'est toute une beauté
de la hanche (cet attribut sexuel de la femme qui l'autorise à avoir des enfants)
qui se trouve cachée, écrasée, absolument niée.
Visite de Saint-Brieuc hier. C'est décidément une ville que je déteste. Grande
ville de province sans personnalité, fausse, surfaite et désuète. C'est pourtant
une ville très branchée, mais absolument moche. Rien à faire, désolé pour
les briochains. Hier soir, nous sommes allés au fest-noz de Tréguier, sur
la place du Martray. Au menu, brochettes de Saint-Jacques et frites arrosées
de cidre. La cathédrale, rénovée a un air majestueux, absolument digne. (Peut-on
refaire J&S sur Internet ?). Temps magnifique pour cette journée, mais
comme toujours, chaud au soleil, frais au vent et à l'ombre. 23 morts dans
l'attentat de Bagdad contre l'ONU. Il ne me reste plus beaucoup de tabac.
Je n'en rachèterai pas et d'ici ce soir mon paquet devrait être terminé. Je
pense que pour arrêter de fumer, il faut savoir nier le plaisir que cela procure
et annihiler soi-même son propre désir.
Ce qui caractérise ces journées passées ici, c'est la douceur de vivre, le
temps passé à lézarder sur la pelouse avec mon fils à regarder les ramures
des saules, à attendre que passe la micheline, à respirer l'air du vent, à
s'ennuyer productivement. Même si le temps paraît parfois long, cet ennui
léger a l'incroyable capacité d'augmenter le bonheur potentiel que procure
l'oisiveté. D'autre part, ne rien avoir d'autre à faire que de penser ne peut
en rien être préjudiciable à l'esprit. L'année dernière à la même époque,
j'étais occupé avec mes contes, et cela m'a permis d'être extrêmement au clair
sur mes projets de l'année. Pourtant, cela fait plusieurs années que je pense
changer de vie, mais c'est la seule chose que je ne peux pas faire. Ma vie
se fait à deux, et prendre des chemins détournés ne peut se faire qu'après
concertation, ce qui ne peut, nécessairement, être facile. Comment décrire
sur le papier les ambiances dans lesquelles on a vécu? Cela me paraît a priori
compliqué. Comment faire pour épuiser un sujet passé, un concours de circonstances,
une cohérence de termes, odeurs, sons et autres affects? J'aimerai pouvoir
répondre à cette question.
Je pense désormais réellement savoir ce qu'est le bonheur. Le bonheur, c'est
n'avoir rien d'autre à faire que ce que l'on a envie de faire, ne pas s'occuper
de ce qui pose problème, vivre pour soi et se contenter du peu qui y est nécessaire.
Cela pourrait être un état permanent, au lieu de quoi ça reste une fraction
de fragment au milieu de nulle part. Si peu de chemin parcouru en tant de
temps. Tout ce que j'ai écrit auparavant ne souffre pas le dérangement.
(23h22) Trois chauves-souris volètent autour du lampadaire de le rue de Kerarzic,
le dernier de la rue encore allumé à cette heure-ci. Dans les fourrés un bruit
surgit, de feuilles froissées, un vacarme incroyable, des branches qui craquent,
dans le noir presque total, uniquement une torche qui bat de l'aile. Je prends
peur et je tire mon chien par le collier. Nous détalons comme des lapins.
Un peu plus loin un objet explose dans le ciel alors qu'il volait à une vitesse
impossible. Puis après avoir explosé, il repart de plus belle à la verticale
jusqu'à s'enfoncer dans le sol. Je ne sais pas ce que c'était.