L'épanouissement

Nann... vraiment, en ce moment, ça ne va pas du tout... je dirais même que ça chie... ça fait chier... je pensais pouvoir tout surmonter par on ne sait quelle force indistincte, et me revoilà plongé dans les ténèbres harassantes d'une boîte de nuit souterraine, de laquelle vous ne ressortez pas indemne, puant l'alcool fort et le tabac froid. Vous sentez mauvais et les vêtements vous collent à la peau d'avoir tant transpiré... et tout à coup, vous vous transformez en porcinet ravagé. Voilà à quoi ressemble ma vie pour l'instant... à rien, du tout. J'ai essayé de prendre du temps pour moi, mais je suis sans cesse rabattu par les contingences du quotidien, sans cesse retranché dans mes quartiers parce que je ne suis qu'un... humain, et que je n'ai pas le temps de faire tout ce que la vie me propose de faire, bien qu'envers elle j'ai toujours été correct... elle m'empêche de m'asseoir, de prendre un livre, de regarder la télé deux secondes pour me libérer l'esprit, pire... elle m'assaille en me demandant sans arrêt service sur service, me demandant de me relever dès que je suis assis, perpétuellement. Ma vie, c'est cette pierre énorme que Sysiphe pousse jusqu'en haut de sa colline et laisse rouler jusqu'en bas parce que le sommet en est arrondi, et recommence jusqu'à la fin de l'éternité. On appelle ce que je suis un damné pour l'éternité, une sorte de fantôme errant, parce que ma vie n'a plus de consistance, entièrement soumis que je suis à une instance qui a décidé de me contraindre... je ne suis plus libre depuis que je suis né et je ne le serai que le jour de ma mort.

Pourquoi tant de pessimisme? Ce n'est rien de tout cela, uniquement ce qui m'apparaît lorsqu'enfin, je ferme les yeux comme pour le dernier sommeil, que je regarde mon temps se faire, ma vie se dérouler et mes actes se déformer... alors seulement, je réalise que je n'ai rien et que je ne suis rien, que je n'ai jamais été quelque chose d'autre qu'une force minable soumis aux éléments... ça, c'est LA réalité de ce que je suis... pas la peine de dire que l'important c'est de participer car c'est faux, l'énoncé est en lui-même invalide. Comment? Car participer c'est prendre part dans quelque chose et prendre part c'est s'introduire dans cette même chose. Donc comme s'y introduire c'est forcer et que forcer c'est esquinter, l'altération ainsi créée oblitère l'écoulement normal de notre passage. Simple, non?


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