Des 14 juillet, dans un vie, on en vit autant de fois qu'on voit fleurir les lilas (je crois que je dois plagier Brigitte Fossey, mais tant pis). C'était peut-être le premier ou le deuxième et j'avais, comme tous les enfants de mon âge à cette époque, les cheveux longs. Juste au-dessus de chez nous sont passées les bruyants avions du défilé -- je me rappelle un surtout, il avait une espèce de trompe et servait à ravitailler les autres en vol... cette image devra me poursuivre le reste de mes jours -- et moi, forcément, j'ai eu les jetons avec tout ce potin. Je me suis donc réfugié sous la table en bois noir de la salle à manger. Mon père, lequel éprouvait pour moi encore à cette époque un semblant d'intérêt, prit le dessus de lit blanc crême et le jeta sur la table pour me faire une tente... ça c'était bien! Ouais... du coup j'ai passé ma journée sous la table, dans ce tipi de fortune, et je me rappelle que ma mère m'a apporté un yaourt (un blanche-neige), un pot blanc plein de crême fouettée sur un lit de confiture de framboise ou d'abricot... Vache, c'était bon... Mais je ne crois pas que ça, c'était le bon temps... Nan, c'était autrechose...