Un jour comme les autres, je me suis retrouvé à être heureux. Je ne pense
pas trop savoir pourquoi. Les effluves du passé ont exhalé les icônes parfaites
d'un monde que j'ai l'impression de n'avoir quitté qu'hier, parce que je
me suis endormi... parce que la nuit est tombée dessus, et je me sens de
nouveau comme au premier matin du monde, avec l'envie irrépressible de me
confier à quelque chose, de noter toutes ces petites tranches de vie quelque
part, comme on note un numéro de téléphone dans le coin droit de cet agenda.
Mais bien souvent, on perd la page, ou l'agenda lui-même et les chiffres
s'envolent suavement, avec outrecuidance. Il fallait que ça arrive... tout
ceci n'est que la conséquence normale de mes agissements: J'ai tout laissé
tomber... mon journal, mes amis, mon passé de petit garçon sage et heureux,
les mauvais souvenirs de mort et de douleur, les sentiments pour les choses
auxquelles je me sentais indéfectiblement attaché. Et je suis parti sur
les routes d'avant, sans poésie, avec les simples mots crus de la vie sombre
et chaotique.
En regardant par la fenêtre, je me dis vraiment que cette journée ne peut
faire autrement que d'être belle. Elle serait insultante en provoquant le
contraire. Alors, je la regarde droit dans les yeux, je l'invective pour
qu'elle ne touche absolument à rien. Je me sens un peu seul, absorbé par
le silence absolu de cette matinée, mais je pense pouvoir survivre... et
puis elle n'est pas terminée, cette belle journée... rien ne viendra gâcher
tout ça... pas aujourd'hui.
Je refais surface tout doucement... quelque chose se trame.
Je n'étais plus habitué à ce qu'il fasse chaud, et tout d'un coup, c'est
comme si le monde s'était arrêté. Les voitures ne passent plus dans la rue
et les avions passent moins vite que d'habitude. Nous sommes ce jour ci
. Tout va bien.
Jour de pluie, jour d'escargots, de limaces et de rainettes. Les crapauds
sortent de leur trou pour humidifier leur jolie peau verruqueuse. Les hérissons
n'ont pas attendu la nuit pour chasser le ver et la loche, et c'est très
bien comme ça. Cette terre qui est la mienne exhale les odeurs les plus
puissantes de l'humus, la pourriture confite du sol et ses milliards de
cadavres. La pluie c'est une fois de plus la naissance depuis la mort, cette
statue horrible du Père-Lachaise. On se croirait là-bas , dans le passé,
au milieu de mes souvenirs. J'aime la pluie et ses tourterelles, ses potagers
immenses et ses cascades forestières.
C'était un rêve, une de ces "pollutions nocturnes" qui ne vous
donnent en aucun cas envie de vous réveiller. J'ai simplement embrassé tout
le monde, tout ceux qui se trouvaient autour de moi, filles et garçons,
comme dans un grand élan d'amour universel... Étrange sensation d'éprouver
ce genre de sentiment au contact d'une gent aussi pourrie... C'est qui m'a
fait croire que dans ce moment d'absence onirique, je me suis pris pour
Dieu l'espace d'un instant. Quelle jouissance! Je suis finalement revenu
sur terre, les yeux pleins de petites crottes matinales et l'haleine pâteuse...
décidément, ça ne pouvait être qu'un rêve.
Me voici au terme d'un week-end laborieux, fatiguant, me replongeant dans
ma semaine de travail comme si le repos n'avait été que superfétatoire et
intangible, inaccessible. Ce n'est pas grave. Ma vie est belle et celle
qui va avec aussi. Bientôt viendra le temps des fantasmes et des délires
puants d'été, de la gravité graveleuse, de la chaleur, celle "qui fait
vraiment faire n'importe quoi", parce que naturellement, je suis constitué
ainsi. Je fonctionne avec les saisons, même si beaucoup ne comprennent plus
ce que ça veut dire... vivre l'hiver comme un homme des glaces... vivre
l'été comme un homme du désert... vivre l'automne comme un coureur des bois...
vivre le printemps comme une larve... ça ne peut se comprendre par des gens
emprunts de "je veux du soleil, je veux de la chaleur". Il faut
vivre avec son temps.
(Censuré)
Bon, finalement, je vais me calmer. Un jour orageux qui calme le jeu, qui
écrase les désirs ou au contraire les exalte. Désormais, à partir d'aujourd'hui,
je suis sur le web. J'ai averti les journaux, la télé, les plus grands moteurs
de recherche sur Internet et le panthéon des dieux cyrilliques, Matignon
et l'Élysée, Bourbon et Brongniart(d?), le Palais des glaces et le supermarché
de la moquette... parce qu'il faut être présent partout. On ne construit
pas un site web pour rester cloîtré devant son PC et attendre que la gloire
vous entr'aperçoive un jour de pluie, derrière vos vitres sales et les rideaux
jaunis par le tabac. Non... il faut s'ouvrir et partir loin sur les routes
de Compostelle avec Kerouac et Maupin (qu'ont-ils à voir là-dedans?). Ah
oui! Je profite su temps de parole qu'il m'est imparti pour dire que je
vais écrire une lettre à GM par l'entremise de ces pages... alors, tiens
toi prêt! Le vert sur le noir cachant le rouge... paroles mystiques et non
révolues...
Quelques mots quand-même à propos de ma banque... BANDE D'ENCULES!!!!!...
Dommage, ils viennent de perdre un nouveau bon client... Je dis le nom?
Bourquoi Ne Pas?
Bravo à vous...
Passons à autre chose -- je sais, je suis énervé --, et parlons un peu
de "and now, something completely different"... Nan, en fait,
je n'ai plus rien à dire.
(Censuré)
La météo prévoit pour aujourd'hui 29°C, ce qui signifie à l'ombre! Pour
l'instant, il fait un temps frais, ensoleillé bien que légèrement brumeux,
mais il faut s'attendre au pire, pour les plantes, les animaux, mon désir...
Je sui bien content de vivre là ou je vis... à savoir que si je vivais à
Paris, j'aurais beaucoup trop chaud, et je serais obligé, parce que j'ai
les pieds qui gonflent avec la chaleur, de me tremper les pieds dans l'eau
de la Seine, sur les berges de Notre-Dame, et donc de chopper des saloperies,
des verrues et des furoncles... je serais aussi obligé de me trouver un
banc sur la passerelle des arts et de dormir comme un porc comme le font
tous les esprits libres et bien-pensants du monde parisien... ce serait
triste... et pathétique... par chance, je n'habite pas à Paris et je ne
sors pas de ma maison, sauf pour aller faignasser dans le jardin, à l'ombre
des églantiers... ça c'est bien. Je rends hommage à grosse fatigue, qui
lui, doit certainement habiter à Paris... Coco! Je te souhaite bon courage
pour passer un nouvel été pollué! Moi, je serais peut-être ici, peut-être
au soleil ou à la mer.
En attendant, je rêve de cascade et d'eau tourbillonnante... pour les heures
à venir.
(Censuré)
Étrange week-end. Ce samedi s'est passé entre les courses et divers magasins
que je ne saurais nommer. Une journée pour rien, autrement dit. Journée
morte et fraîche. Ensuite, ce fut le tour de dimanche, jour frais et morne,
jour de mort passé dans d'autres magasins que je ne saurais toujours pas
nommer. Et puis, en fait, si. C'était le marché aux puces de St-Ouen (prononcé
chez moi seinwène). Autrefois, c'était réputé pour ses bas prix et pour
trouver ce qu'il vous fallait lorsque vous le cherchiez. Désormais, c'est
plein d'antiquaires pas bon marché du tout et de vendeurs de saloperies,
mais il faut croire que ça plaît parce que la clientèle se déplace principalement
en voiture de place et Ferrari. Vous voyez ce que je veux dire? 25 francs
de l'heure pour le parking... plus cher que dans le centre de Paris! Vous
connaissez seinwène? Nan? Eh bien, c'est un peu comme le Bronx... si vous
ne connaissez pas, procurez-vous le merveilleux "a Bronx tale"
de Robert de Niro. En fait, c'est un peu comme ça partout dans le neuf trois.
Allez faire un tour du côté de Saint-Denis, l'île Saint-Denis, La Courneuve,
Bobigny, et vous ne vous sentirez plus nulle part... ça n'a plus rien à
voir avec la vie... des quartiers tristes et insalubres, invivables, curieux,
laids, malsains, délabrés... Il n'y a pas assez de mots pour décrire cette
misère aux portes de Paris. On dirait que tout s'est arrêté, que les immeubles
ont cessé de vivre, et en y passant - on ne s'y arrête que si l'on veut
mourir - on ne souhaiterait qu'une seule chose, c'est que tout ceci n'existe
que dans le passé ou n'existe pas du tout. Tandis que nous avons des côtes,
des montagnes, des coins superbes où la nature vous envahit... c'est ici
le règne de la non-vie, le quatrième règne terrestre. Ici, poser ses valises,
c'est très largement mourir, se flinguer, renoncer à tout ce qui est beau
dans la vie. Amen.
Un rare moment de félicité dans ma vie. Le calme autour de moi, sinon une
petite musique flottant dans l'air, The mirror pool de Lisa Gerrard, à mi-chemin
entre chant religieux et chant de la nature, la beauté à l'état pur. Afin
d'accompagner cette ambiance, j'ai feuilleté un livre de photo... les monts
de Cairngorm, aux tréfonds des highlands... voilà mon nouvel engagement.
Je ne peux rien dire de plus, si ce n'est que je suis en train d'écouter
à présent les Doors, un peu brutal... c'était comme un rêve, j'étais réellement
parti loin de là, et déjà j'étais aussi au Kenya, au même moment et dans
la forêt équatoriale du Gabon. Le propre du voyage, c'est d'être partout
à la fois.
Savez-vous ce qu'est réellement un week-end pourri? Lorsque le temps d'un mois de juin ne vous apporte que des nuages et un vent d'est détestable, des frissons et de la morosité, que vous ne faîtes que des choses qui vous emmerdent profondément, que pas un seul moment, vous ne pouvez vous asseoir et prendre le temps de vous occuper de vous-mêmes, que vous vous tapez tous les magasins de la région, autour de ces gens soit en[di]manchés soit enjoggingnés/enbaskettés se comportant tous plus ou moins comme des êtres non-civilisés. Pffff... voilà ce qu'est un week-end pourri et c'est ce que je viens de vivre... on se demande pourquoi certaines personnes ont hâte de retourner au boulot dès le lundi matin. Je n'aime pas ces moment-là parce qu'ils ne ressemblent à rien, ils sont pauvres, inutiles, incertains, démoralisants, chiants à mourir, déstabilisants, emmerdants... tout ce qu'on veut. Et moi je pleure de voir que des jours comme ça peuvent exister.