Les 14 premiers jours

Un jour comme les autres, je me suis retrouvé à être heureux. Je ne pense pas trop savoir pourquoi. Les effluves du passé ont exhalé les icônes parfaites d'un monde que j'ai l'impression de n'avoir quitté qu'hier, parce que je me suis endormi... parce que la nuit est tombée dessus, et je me sens de nouveau comme au premier matin du monde, avec l'envie irrépressible de me confier à quelque chose, de noter toutes ces petites tranches de vie quelque part, comme on note un numéro de téléphone dans le coin droit de cet agenda. Mais bien souvent, on perd la page, ou l'agenda lui-même et les chiffres s'envolent suavement, avec outrecuidance. Il fallait que ça arrive... tout ceci n'est que la conséquence normale de mes agissements: J'ai tout laissé tomber... mon journal, mes amis, mon passé de petit garçon sage et heureux, les mauvais souvenirs de mort et de douleur, les sentiments pour les choses auxquelles je me sentais indéfectiblement attaché. Et je suis parti sur les routes d'avant, sans poésie, avec les simples mots crus de la vie sombre et chaotique.

En regardant par la fenêtre, je me dis vraiment que cette journée ne peut faire autrement que d'être belle. Elle serait insultante en provoquant le contraire. Alors, je la regarde droit dans les yeux, je l'invective pour qu'elle ne touche absolument à rien. Je me sens un peu seul, absorbé par le silence absolu de cette matinée, mais je pense pouvoir survivre... et puis elle n'est pas terminée, cette belle journée... rien ne viendra gâcher tout ça... pas aujourd'hui.
Je refais surface tout doucement... quelque chose se trame.
Je n'étais plus habitué à ce qu'il fasse chaud, et tout d'un coup, c'est comme si le monde s'était arrêté. Les voitures ne passent plus dans la rue et les avions passent moins vite que d'habitude. Nous sommes ce jour ci . Tout va bien.

Jour de pluie, jour d'escargots, de limaces et de rainettes. Les crapauds sortent de leur trou pour humidifier leur jolie peau verruqueuse. Les hérissons n'ont pas attendu la nuit pour chasser le ver et la loche, et c'est très bien comme ça. Cette terre qui est la mienne exhale les odeurs les plus puissantes de l'humus, la pourriture confite du sol et ses milliards de cadavres. La pluie c'est une fois de plus la naissance depuis la mort, cette statue horrible du Père-Lachaise. On se croirait là-bas , dans le passé, au milieu de mes souvenirs. J'aime la pluie et ses tourterelles, ses potagers immenses et ses cascades forestières.

C'était un rêve, une de ces "pollutions nocturnes" qui ne vous donnent en aucun cas envie de vous réveiller. J'ai simplement embrassé tout le monde, tout ceux qui se trouvaient autour de moi, filles et garçons, comme dans un grand élan d'amour universel... Étrange sensation d'éprouver ce genre de sentiment au contact d'une gent aussi pourrie... C'est qui m'a fait croire que dans ce moment d'absence onirique, je me suis pris pour Dieu l'espace d'un instant. Quelle jouissance! Je suis finalement revenu sur terre, les yeux pleins de petites crottes matinales et l'haleine pâteuse... décidément, ça ne pouvait être qu'un rêve.

Me voici au terme d'un week-end laborieux, fatiguant, me replongeant dans ma semaine de travail comme si le repos n'avait été que superfétatoire et intangible, inaccessible. Ce n'est pas grave. Ma vie est belle et celle qui va avec aussi. Bientôt viendra le temps des fantasmes et des délires puants d'été, de la gravité graveleuse, de la chaleur, celle "qui fait vraiment faire n'importe quoi", parce que naturellement, je suis constitué ainsi. Je fonctionne avec les saisons, même si beaucoup ne comprennent plus ce que ça veut dire... vivre l'hiver comme un homme des glaces... vivre l'été comme un homme du désert... vivre l'automne comme un coureur des bois... vivre le printemps comme une larve... ça ne peut se comprendre par des gens emprunts de "je veux du soleil, je veux de la chaleur". Il faut vivre avec son temps.

(Censuré)

Bon, finalement, je vais me calmer. Un jour orageux qui calme le jeu, qui écrase les désirs ou au contraire les exalte. Désormais, à partir d'aujourd'hui, je suis sur le web. J'ai averti les journaux, la télé, les plus grands moteurs de recherche sur Internet et le panthéon des dieux cyrilliques, Matignon et l'Élysée, Bourbon et Brongniart(d?), le Palais des glaces et le supermarché de la moquette... parce qu'il faut être présent partout. On ne construit pas un site web pour rester cloîtré devant son PC et attendre que la gloire vous entr'aperçoive un jour de pluie, derrière vos vitres sales et les rideaux jaunis par le tabac. Non... il faut s'ouvrir et partir loin sur les routes de Compostelle avec Kerouac et Maupin (qu'ont-ils à voir là-dedans?). Ah oui! Je profite su temps de parole qu'il m'est imparti pour dire que je vais écrire une lettre à GM par l'entremise de ces pages... alors, tiens toi prêt! Le vert sur le noir cachant le rouge... paroles mystiques et non révolues...

Quelques mots quand-même à propos de ma banque... BANDE D'ENCULES!!!!!... Dommage, ils viennent de perdre un nouveau bon client... Je dis le nom?
Bourquoi Ne Pas?
Bravo à vous...

Passons à autre chose -- je sais, je suis énervé --, et parlons un peu de "and now, something completely different"... Nan, en fait, je n'ai plus rien à dire.

(Censuré)

La météo prévoit pour aujourd'hui 29°C, ce qui signifie à l'ombre! Pour l'instant, il fait un temps frais, ensoleillé bien que légèrement brumeux, mais il faut s'attendre au pire, pour les plantes, les animaux, mon désir... Je sui bien content de vivre là ou je vis... à savoir que si je vivais à Paris, j'aurais beaucoup trop chaud, et je serais obligé, parce que j'ai les pieds qui gonflent avec la chaleur, de me tremper les pieds dans l'eau de la Seine, sur les berges de Notre-Dame, et donc de chopper des saloperies, des verrues et des furoncles... je serais aussi obligé de me trouver un banc sur la passerelle des arts et de dormir comme un porc comme le font tous les esprits libres et bien-pensants du monde parisien... ce serait triste... et pathétique... par chance, je n'habite pas à Paris et je ne sors pas de ma maison, sauf pour aller faignasser dans le jardin, à l'ombre des églantiers... ça c'est bien. Je rends hommage à grosse fatigue, qui lui, doit certainement habiter à Paris... Coco! Je te souhaite bon courage pour passer un nouvel été pollué! Moi, je serais peut-être ici, peut-être au soleil ou à la mer.
En attendant, je rêve de cascade et d'eau tourbillonnante... pour les heures à venir.

(Censuré)

Étrange week-end. Ce samedi s'est passé entre les courses et divers magasins que je ne saurais nommer. Une journée pour rien, autrement dit. Journée morte et fraîche. Ensuite, ce fut le tour de dimanche, jour frais et morne, jour de mort passé dans d'autres magasins que je ne saurais toujours pas nommer. Et puis, en fait, si. C'était le marché aux puces de St-Ouen (prononcé chez moi seinwène). Autrefois, c'était réputé pour ses bas prix et pour trouver ce qu'il vous fallait lorsque vous le cherchiez. Désormais, c'est plein d'antiquaires pas bon marché du tout et de vendeurs de saloperies, mais il faut croire que ça plaît parce que la clientèle se déplace principalement en voiture de place et Ferrari. Vous voyez ce que je veux dire? 25 francs de l'heure pour le parking... plus cher que dans le centre de Paris! Vous connaissez seinwène? Nan? Eh bien, c'est un peu comme le Bronx... si vous ne connaissez pas, procurez-vous le merveilleux "a Bronx tale" de Robert de Niro. En fait, c'est un peu comme ça partout dans le neuf trois. Allez faire un tour du côté de Saint-Denis, l'île Saint-Denis, La Courneuve, Bobigny, et vous ne vous sentirez plus nulle part... ça n'a plus rien à voir avec la vie... des quartiers tristes et insalubres, invivables, curieux, laids, malsains, délabrés... Il n'y a pas assez de mots pour décrire cette misère aux portes de Paris. On dirait que tout s'est arrêté, que les immeubles ont cessé de vivre, et en y passant - on ne s'y arrête que si l'on veut mourir - on ne souhaiterait qu'une seule chose, c'est que tout ceci n'existe que dans le passé ou n'existe pas du tout. Tandis que nous avons des côtes, des montagnes, des coins superbes où la nature vous envahit... c'est ici le règne de la non-vie, le quatrième règne terrestre. Ici, poser ses valises, c'est très largement mourir, se flinguer, renoncer à tout ce qui est beau dans la vie. Amen.

Un rare moment de félicité dans ma vie. Le calme autour de moi, sinon une petite musique flottant dans l'air, The mirror pool de Lisa Gerrard, à mi-chemin entre chant religieux et chant de la nature, la beauté à l'état pur. Afin d'accompagner cette ambiance, j'ai feuilleté un livre de photo... les monts de Cairngorm, aux tréfonds des highlands... voilà mon nouvel engagement. Je ne peux rien dire de plus, si ce n'est que je suis en train d'écouter à présent les Doors, un peu brutal... c'était comme un rêve, j'étais réellement parti loin de là, et déjà j'étais aussi au Kenya, au même moment et dans la forêt équatoriale du Gabon. Le propre du voyage, c'est d'être partout à la fois.

Savez-vous ce qu'est réellement un week-end pourri? Lorsque le temps d'un mois de juin ne vous apporte que des nuages et un vent d'est détestable, des frissons et de la morosité, que vous ne faîtes que des choses qui vous emmerdent profondément, que pas un seul moment, vous ne pouvez vous asseoir et prendre le temps de vous occuper de vous-mêmes, que vous vous tapez tous les magasins de la région, autour de ces gens soit en[di]manchés soit enjoggingnés/enbaskettés se comportant tous plus ou moins comme des êtres non-civilisés. Pffff... voilà ce qu'est un week-end pourri et c'est ce que je viens de vivre... on se demande pourquoi certaines personnes ont hâte de retourner au boulot dès le lundi matin. Je n'aime pas ces moment-là parce qu'ils ne ressemblent à rien, ils sont pauvres, inutiles, incertains, démoralisants, chiants à mourir, déstabilisants, emmerdants... tout ce qu'on veut. Et moi je pleure de voir que des jours comme ça peuvent exister.


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