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Mardi 23 décembre 2003

Le jour d'avant - Le jour d'après

Votre cadeau de Noël : William Jenkyn Thomas : Llyn Cwm Llwch

Au pied de Pen y Fan, le plus haut pic des Beacons of Brecon, il y a un lac appelé Llyn Cwm Llwch, surplombé de sombres précipices habités de grands corbeaux coassant, les seuls êtres pouvant s'aventurer près des sombres eaux du lac.

A une époque très lointaine, il y avait une porte dans le roc qui, lorsqu'elle s'ouvrait une fois l'an - un jour de mai - , révélait un passage menant à une petite île au centre du lac. Cette île était invisible à ceux qui restaient sur le rivage. Ceux qui se risquaient par le passage - le fameux jour de mai - étaient généralement bien reçus par les fées qui vivaient là et dont la beauté n'avait d'égal que la courtoisie envers leurs invités. Elles les divertissaient avec de délicieux fruits et une musique exquise, et leur révélaient certains événements du futur. Une seule condition était posée; rien de ce qui se trouvait sur l'île ne devait en sortir, car elle était sacrée.

Il arriva une fois, lors de ces visites annuelles, qu’un visiteur indélicat, avant de quitter l’île, mit une fleur dans sa poche. Son forfait ne lui apporta rien de bon : dès qu’il arriva sur la terre profane, ses sens l’ont abandonné et il s’est retrouvé à errer en bredouillant comme un idiot jusqu’à la fin de ses jours. Cela servit de leçon aux fées. Elle congédièrent les autres visiteurs avec leur habituelle courtoisie et la porte se referma. Mais leur ressentiment était grand. Ceux qui vinrent se présenter le jour de mai ne trouvèrent pas la porte, et personne ne l’a retrouvé depuis ce jour.

Quelques centaines d’années plus tard, les habitants des environs prévoyèrent d’assécher le lac pour voir si les fées n’avaient pas laissé là de fabuleux trésors. Ils se rassemblèrent là en grand nombre avec pelles et pioches et commencèrent à travailler avec tant de vigueur qu’en quelques heures ils eurent tôt fait de creuser un tunnel de trente yards de profondeur (les restes en sont encore visibles aujourd’hui). Ils sont arrivés si près du lac qu’un dernier coup de pioche aurait pu trouer la berge et faire s’échapper l’eau. Juste au moment où ce dernier allait être donné, un éclair de lumière détourna la pioche, le ciel devint sombre, un coup de tonnerre éclata et roula dans les montagnes, réveillant des échos monstrueux, et tous les hommes prirent leur jambes à leur cou et sortirent du tunnel. Le tonnerre s’évanouit, un onde frémit sur la lac, puis l’eau commença à bouillonner. Une silhouette immense aux cheveux et à la barbe démesurés apparut. A moitié sorti de l’eau, il s’adressa aux gens.

« Si vous dérangez mon repos,
Prenez garde que je ne noie
La vallée de l’Usk,
En commençant par Brecon .»

Il conclut en disant : « Souvenez-vous de la marque du chat » et disparut dans un grand fracas de tonnerre et d’éclairs.

Lorsque la surprise et la peur retombèrent, les gens discutèrent de ce qu’ils avaient vu. Ils avaient parfaitement compris l’avertissement, mais ils ne comprenaient rien à propos de « la marque du chat ». A ce moment, un vieil homme du nom de Thomas Sion Rhydderch s’avança et dit qu’il pouvait expliquer cela. « Lorsque j’étais jeune homme », dit-il, « je menais les moutons paître sur cette montagne, et une femme accompagnée d’un turbulent petit chat, me demanda de le prendre avec moi et de le noyer dans le lac. Une fois arrivé là-bas, j’enlevai ma ceinture que j’attachai d’un côté à une grosse pierre, de l’autre au cou du chat . Je l’ai lancé dans l’eau. Le chat sombra immédiatement. Le jour d’après, je suis allé pêcher sur le lac de Llyn Syfaddon, et qu’y vis-je ? Ni plus ni moins que le chat que j’avais noyé à Llyn Cwm Llwch, toujours enserré dans ma propre ceinture. C’était effrayant pace que les deux lacs sont distants de quelques miles et il n’y a aucune rivière les reliant l’un à l’autre… Je ne l’ai jamais à âme qui vive jusqu’à aujourd’hui ».

Ils conclurent qu’il y avait effectivement un mystère lié à Llyn Syfaddon et Llyn Cwm Llwch, et bien que le second soit à peine plus petit, s’ils avaient tenté de l’assécher, le plus grand des deux aurait vengé son cousin en déchargeant son eau sur toute la surface des campagnes voisines. D’un commun accord, ils n’ont plus touché au tunnel qu’ils avaient creusé et s’en retournèrent chez eux.

Traduction de Romuald Le Peru © 2003


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